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Réflexion sur l’avenir des centres aquatiques : enjeux et pistes de gestion - Par Olivier Convert

Notre dernier actu

Lors du 32ème colloque PDD à Chartres, nous avons parlé de politique publique aquatique, d’urbanisme, de baignade citoyenne, d’ancrage territorial, de savoir nager… Et de cette volonté commune de transformer un modèle décrit comme « à bout de souffle » et qui cherche un renouveau.

À la question « Comment l’architecture et la conception technique et l’urbanisme de demain peuvent-ils accompagner la transformation des usages et les mutations sociétaires (sport, santé, lien social etc) sans alourdir les coûts ? », quelques éléments de réponse me viennent.

Le défi qui nous fait face n’est pas de résister uniquement à l’obsolescence d’un modèle de construction prédominant mais d’accompagner son évolution sociale et les hybridations qui vont, par étapes, le transformer.

La mutation utile à ce stade n’est-elle pas de réussir, dans l'équation sociétale du « Besoin d’eau et de baignade », la réappropriation des sites naturels comme un des éléments du puzzle aquatique territorial.

Comprenez que tout ne se règlera pas nécessairement par du m2 bâti de plan d’eau à construire.

Intégrer partiellement et lorsque le territoire l’autorise l’accès permanent et structuré à des lieux naturels de baignade aménagée, c’est redonner ses lettres de noblesse au patrimoine naturel et régler partiellement les limites actuelles de la gestion du patrimoine bâti :

  • Les problèmes de foncier, de coût (de conception et d’exploitation/maintenance) et d’empreinte écologique pour les collectivités ;
  • L’impossibilité de répondre, en un même lieu et à tout heure de la journée (bientôt de la nuit), à la multiplicité des besoins de pratiques aquatiques ;
  • Les appels de puissance en été ou lors de périodes de dérèglement climatique : les conséquences des canicules ne pourront pas se régler uniquement en piscine publique avec des FMI à +1 000 pendant que la fréquentation moyenne « en temps normal » plafonne à 400.

Ce dernier point renforce mon propos : d’un point de vue pédagogique et sécuritaire, se reconnecter aux différents aspects des milieux aquatiques est une priorité majeure pour upgrader un processus transversal d’apprentissage de la natation sécuritaire dans notre pays.

Cela me permet également d’exprimer ici mon seul point de désaccord aux propos qui lient le parc des piscines publiques (son état, son évolution…) au nombre annuel de noyés.

Lier directement “obsolescence des piscines françaises” à la hausse des noyades 2025 est un raccourci statistiquement infondé au vu des lieux de survenue et de l’effet canicule. Le signal du rapport pointe d’abord :

  • L’exposition accrue aux milieux naturels (mer/cours d’eau/plans d’eau), notamment lors de chaleurs extrêmes.
  • La temporalité de surveillance des sites naturels (début de saison, effectifs) et les comportements à risque(alcool, méconnaissance des courants/baïnes, choix de sites non aménagés).

SVP, arrêtons de sous-entendre que les piscines françaises et le format national d’apprentissage de la natation sont obsolètes voire défaillants en matière de sécurité.

Il faut avoir côtoyé les milliers d’éducateurs de la filière sportive territoriale, leurs homologues et binômes de l’Éducation Nationale, les coachs de clubs… pour s’en convaincre.

Il faut avoir épluché les résultats du Savoir-Nager ou du Sauve-Nage de la FFN qui permettent à des centaines de milliers d’élèves de se situer dans leur « carrière aquatique » qui ne fait que débuter pour être confiant.

Et pour que cette dernière se prolonge et rime avec sécurité et épanouissement, il manque l’opportunité que nous devons leur offrir de s’essayer, de progresser et d’évoluer en sécurité dans d’autres milieux aquatiques.

Comprenons -nous bien, je n’annonce pas ici ni ne souhaite évidemment la disparition des piscines.

Je félicite d’ailleurs nos quatre intervenants de nous avoir proposé des modèles modernisés du format « 1 000 piscines ». Dont l’intérêt majeur est - tous l’ont dit en préambule - de répondre en priorité et de manière compacte et sobre à l’apprentissage de la natation scolaire, au savoir-nager.

Dont acte : apprenons les bases en piscine et proposons ensuite de réinvestir ces apprentissages premiers, de multiplier les expériences aquatiques parmi la grande diversité des lieux de baignade naturelle qui nous entourent. Il fût une époque où nous pouvions encore parler d’APPN…

En conclusion : la piscine n’est pas obsolète, elle continue son évolution. Elle reste le socle républicain de l’aisance aquatique et du sport-santé. Ce qui manque, c’est un écosystème territorial qui connecte la piscine aux baignades naturelles aménagées et surveillées. C’est ça le défi à relever. »

Olivier Convert
Consultant en gestion de centres aquatiques